Article écrit par Ludovic Harel, masseur-kinésithérapeute et ostéopathe
Intégrer la dimension cognitive dans le bilan kiné et la stratégie thérapeutique
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Qu’est-ce que l’évaluation comportementale ?
Il s’agit d’une méthode d’identification des profils cognitifs, issue des auteurs les plus reconnus en matière d’analyse des comportements humains, et spécifiquement adaptée au contexte de la santé. Elle est fondée sur une synthèse des travaux de Carl JUNG (MBTI), Eric BERNE (Analyse transactionnelle), mais surtout sur le modèle proposé par Taibi KAHLER (Process Com) et la PNL.
Elle permet de définir 8 profils comportementaux dont 6 dits « adaptés », c’est-à-dire fonctionnelles, et 2 « inadaptés », donc potentiellement pathologiques.
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En quoi cela relève-t-il de la pratique kiné ?
Pour ce qui est des comportements « inadaptés » :
Dans le cas du trouble anxieux, l’identification de ces profils permet de donner des clefs de compréhensions précieuses sur les mécanismes de décompensation psychosomatiques et de mieux lutter contre certaines pathologies chroniques en cabinet (rachialgies, céphalées de tensions, troubles fonctionnels digestifs etc…)
Dans le cas du trouble borderline, elle permet surtout de mieux réagir et anticiper certains comportements dangereux à l’encontre des professionnels de santé et d’éviter le passage à l’acte violent.
En ce qui concerne les comportements « adaptés », elle permet aux kinésithérapeutes de connaitre les facteurs de motivations et les principaux traits de caractères qui vont aider au choix des techniques, conseils, de l’éducation thérapeutique voire du protocole de rééducation, en limitant les risques liés au désengagement des patients dans leur prise en charge. Cela est particulièrement intéressant dans le contexte actuel où nous cherchons de plus en plus à responsabiliser nos patients et les rendre autonomes dans la gestion des troubles musculosquelettiques.
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Comment se pratique cette évaluation ?
Elle se fait par ce que l’on appelle la « lecture à froid »(ou « Cold Reading ») dans un premier temps, c’est -à-dire l’observation de son patient selon des critères prédéfinis et de ses attitudes. Pour cela, il est
nécessaire de se former simplement en e-learning puis de s’exercer à l’aide d’une application mobile spécialement développée à cet effet :« Behavior profile ». Nul besoin d’interroger son patient ou de faire remplir des questionnaires particuliers qui sortent du champ de compétence des kinésithérapeutes. Cette capacité à caractériser objectivement les comportements observés sera particulièrement utile dans le cas de communications pluridisciplinaires entre professionnels de santé par exemple. Et elle s’appuie également sur l’expérience des professionnels de santé qui ont naturellement aiguisé leur regard sans le savoir. Beaucoup de professionnels de santé fonctionnent à l’intuition dans leurs rapports avec leurs patients, soit en imposant leur méthode et en laissant aux patients le soin d’accepter ou non de continuer avec eux, soit en pratiquant ce que l’on appelle en PNL , la »synchronisation », c’est-à-dire la capacité à adapter son comportement à celui de son interlocuteur pour favoriser sympathie et adhésion au protocole de soin.
Mais cela n’est malheureusement pas efficace pour tout le monde et encore moins sur le moyen et le long terme.
4.Quelle différence entre évaluation comportementale et test de personnalité ?
L’évaluation comportementale n’est en aucun cas un test de personnalité, lequel est du ressort des psychiatres et des psychologues. Le comportement est stéréotypé et contextualisé, contrairement à la personnalité. En d’autres termes, nous adoptons tous des comportements liés aux situations dans lesquelles nous nous trouvons et aux interactions sociales que nous avons. Il n’en existe donc pas une multitude, contrairement à notre personnalité qui est unique et complexe, car il dépend du rapport que l’on souhaite volontairement ou non, instaurer avec notre entourage. Ainsi, un individu pourra faire preuve d’un comportement empathique avec ses enfants dans le cadre familial et d’un comportement rigoureux avec ses employés dans le cadre professionnel, et il s’agit pourtant de la même personne et donc de la même personnalité. On pourrait comparer le comportement à un masque, parmi plusieurs à notre disposition, qu’on porte en fonction du contexte.
Et c’est justement en cela que l’évaluation comportementale est utile pour nous, professionnel de santé, car ce masque nous révèle beaucoup de choses, de « non-dits », sur la manière de s’adresser à l’autre, ses attentes potentielles, sa conception du soin et son rapport à la santé, mais également ce qui va le motiver ou non.
En substance, retenez que l’évaluation comportementale permet de modifier la forme du traitement plus que le fond, et de l’adapter à notre patient pour garantir une adhésion maximale et utiliser les bons leviers de motivation.
L’application est disponible sur l’App-store : ici et sur le Play-store : ici
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